Les défis de l’intégration des immigrants

Deux visions diamétralement opposées s’offrent aux nouveaux arrivants qui débarquent au Québec.

Maka Kotto - Député de Bourget et porte-parole de l’opposition en matière de communautés culturelles
26 janvier 2011
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/315411/les-defis-de-l-integration-des-immigrants-deux-visions-diametralement-opposees-s-offrent-aux-nouveaux-arrivants-qui-debarquent-au-quebec

Il convient de poser une question très simple: quel genre de tissu social voulons-nous pour le Québec et pour Montréal dans dix ou vingt ans? Pertinente question, car en matière d’intégration, deux visions diamétralement opposées s’offrent aux nouveaux arrivants qui débarquent au Québec.

Multiculturalisme:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Multiculturalisme

Est un terme sujet à diverses interprétations. Il peut simplement désigner la coexistence de différentes cultures (ethniques, religieuses etc..) au sein d’un même ensemble pays.

La vision canadienne
Il y a la vision canadienne, celle mise en place par l’ancien premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, qui repose sur l’idéologie du multiculturalisme et sur le bilinguisme. Le multiculturalisme à la canadienne, force est de le constater, nous mène tout droit à la ghettoïsation, à un communautarisme de repli où les cultures, plutôt que de se mélanger pour contribuer à l’édification d’une nation québécoise, viable et durable, se cloisonnent dans leur coin. De cette perspective, nous sommes très loin de remplir les conditions d’une dynamique d’intégration effective... De plus, il ne saurait y avoir d’authentique coexistence au Québec sans ce souci constant de cohésion sociale qui nous permet, entre autres choses, d’anticiper les dérives et les dérapages sectaires ou idéologiques.
Le bilinguisme, pour sa part, qui est la politique officielle du Canada, envoie le signal d’un pays où il n’est pas nécessaire de parler français. Entre autres exemples, il semble qu’il soit souvent impossible de recevoir des services en français à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, un organisme fédéral situé sur le boulevard René-Lévesque Ouest, à Montréal. Pour les nouveaux arrivants au Québec, le message est très clair...
Cette vision canadienne, voire cette distorsion, va complètement à l’encontre de toute idée d’intégration au sein de la nation québécoise.


Interculturalisme:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Interculturalisme

La notion d’interculturalisme intervient comme moyen privilégié de sensibilisation à la diversité culturelle. Elle suppose une participation active de la société d’accueil à l’intégration des nouveaux arrivants en même temps qu’une connaissance et une compréhension mutuelles des différences culturelles. Plus précisément, l’interculturalisme suggère l’adoption de la culture dominante du pays ou de la région d’adoption associée à la recherche de points communs tout en préservant les différences individuelles.


La vision québécoise
La vision québécoise quant à elle, est fondée sur l’interculturalisme, la prédominance du français et le partage de valeurs communes.
 Nous partons du principe que la diversité culturelle est souhaitable, qu’elle vient enrichir la société québécoise. Les immigrants ne sont pas encouragés à demeurer à part, mais plutôt à se joindre à la nation québécoise. Nous pourrions résumer cette politique d’intégration en nous référant au slogan de l’humoriste d’origine sénégalaise Boucar Diouf: «Vive le Québec métissé serré!»
 La prédominance du français est au Québec, un facteur majeur d’intégration, la porte d’entrée de la culture québécoise, du travail et du dialogue interculturel.
 Et finalement il y a les valeurs fondamentales que les nouveaux arrivants se doivent d’adopter, entre autres l’égalité entre les femmes et les hommes, la primauté de la langue française comme langue commune et de convergence, la séparation de la religion et de l’État, la recherche d’une meilleure justice sociale et la culture québécoise, partie intégrante de cette volonté d’affirmation de notre modernité.

Voilà, il me semble, une vision d’avenir valable pour le Québec: un pays francophone, métissé serré, dont les citoyens partagent les valeurs fondamentales.